L’année 2017 sera une année festive à Sorel-Tracy. Mais que fêtera-t-on au juste puisqu’on ne peut pas dire, sans un certain malaise, que la fondation de la ville de Sorel-Tracy remonte à l’année 1642. En fait, cette année-là, une poignée de militaires français ont construit une fortification de fortune afin de contrecarrer les éventuelles attaques de convois européens par des amérindiens. La mission qui leur a été confiée n’impliquait pas l’érection d’une fortification en vue d’un établissement permanent. Si tel avait été le cas, nous serions obligés de conclure que ce fut un échec puisque le fort a été abandonné quelques années seulement après sa bénédiction par le père Anne de Nouë, et ce, durant près de 20 ans.
Mais peu importe, la chose à retenir est que l’érection de cette première fortification constitue un épisode important pour la notoriété historique du Sorel-Tracy d’aujourd’hui. Prenons donc pour acquis que notre premier fait historique « fondateur » remonte à l’année 1642. Mais ce premier fait fondateur n’est pas le premier fait historique relatif à notre région; loin de là. Déjà en 1610, Champlain se voit contraint à s’engager dans une bataille contre les Agniers. Ces derniers, pourtant bien positionnés à l’intérieur d’une palissade, durent fuir devant l’éventualité d’une sévère défaite. Le lieu de cette bataille fut nommé « Cap au massacre ». Une plaque commémorative a été installée à proximité de ce site en 1925. Il y est inscrit Champlain vainquit les Iroquois près d’ici, de là le nom « Cap du massacre ». Cette plaque a été installée sur le terrain où se trouve aujourd’hui la Colonie des Grèves à Contrecœur. On le constate sur le libellé de la plaque, le lieu de la bataille est imprécis. Selon toute vraisemblance, la palissade érigée par les Agniers sur le site connu comme le Cap au massacre était située quelque part entre la rive ouest du Richelieu et la Colonie des Grèves. Ainsi, un campement amérindien était installé avec une certaine idée de permanence sur le territoire qu’on occupe aujourd’hui.
D’autre part, les fouilles archéologiques au site Mandeville, au début des années 70, ont révélé la présence d’un village amérindien sur le territoire de la ville de Sorel-Tracy actuelle. Ce village, situé à proximité du Club de golf les Dunes, aurait été occupé durant 70 années par des iroquoiens au cours du 16e siècle.
À la lumière de ces faits, force est de constater que ce que nous fêterons en 2017 concerne exclusivement une version européenne d’une histoire que nous connaissons à peine. Qu’à cela ne tienne, que la fête coMMENCE!
Cette chronique en est une d’opinion et exprime la pensée de son auteur.
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